Photo maison

Castelnau

MAISON DE TERRE CRUE - Technique traditionnelle de la bauge

Saint-Martin-des-Bois 46130 PRUDHOMAT Terrain 3709 m2 sans mitoyenneté

Dans ce petit village du Lot situé en bordure nord du Limargue, à 300m de la forteresse médiévale de Castelnau sur une colline verdoyante longée par la vallée de la Dordogne, la construction d’une maison en bauge, fabriquée à la main, en se servant de la terre crue extraite du terrain même où elle est située, sans ossature bois, “armée” de paille achetée chez un agriculteur bio local… ce projet, après les premiers moments d’étonnement voire de perplexité parmi la population locale, a soulevé intérêt et sympathie : les visites sur le chantier ont été récurrentes, pour le plus grand plaisir des participants. Un bel endroit pour un projet inspiré dans son aspect extérieur par l’architecture locale, mais néanmoins hors norme par son organisation tendant vers l’autonomie énergétique et alimentaire.

Vous trouverez ci-dessous un dossier aussi complet que possible sur les diverses options qui ont prévalu au cours de cette réalisation.

Également, au chapitre « contact », le lien vers ma page Twiza, l’excellent site dédié aux chantiers participatifs, où toutes les étapes de la construction sont documentées.

Belle découverte !

LE TERRAIN

Situé à 240m d’altitude au sommet d’une colline surplombant le Château de Castelnau (à 300m par un petit sentier), beau terrain plat de 3709 m2 sans mitoyenneté, arboré en bordure, essentiellement des pruniers au nord et un grand noyer à l’est.

Plusieurs fruitiers ont été plantés, positionnés au sud-est de la maison, non loin du point d’eau destiné à l’arrosage du jardin potager. Quelques autres fruitiers ont été plantés le long de la bordure ouest du terrain.

La terre y est remarquablement fertile, « un trésor » selon les paysans du coin, tout y pousse.

La maison est orientée plein sud dans un environnement calme.

LA CONSTRUCTION

1) Les fondations

Les fondations ont été réalisées en suivant la technique dite « à la romaine », ou encore « cyclopéennes ».

Cette technique très ancienne permet de réaliser des fondations extrêmement solides mais qui, contrairement au béton conventionnel, gardent une certaine souplesse, de sorte que l’ensemble du bâti n’est pas impacté par les mouvements éventuels du terrain dans le temps.

Notre choix a été déterminé par une logique de cohérence entre les matériaux naturels utilisés, afin de favoriser une cohésion d’ensemble.

Les tranchées sont réalisées jusqu’au sol stable (± 1m de profondeur) suivies d’un enrochement en commençant par les plus gros blocs en fond de tranchée, puis en diminuant progressivement la taille des blocs de pierre au fur et à mesure du remplissage.

Les blocs sont maçonnés au fur et à mesure par un mortier composé de : • chaux hydraulique NHL 3,5 • sable pouzzolane rouge 0,5/0,6 • gravier pouzzolane rouge 7/14.

2) Le soubassement

Un muret de ± 50 cm de hauteur a été réalisé sur les fondations. Il est constitué de pierres de basalte maçonnées au mortier de chaux NHL 3,5 – sable de pouzzolane 0,5/0,6.

3) Les murs de bauge

La technique très ancienne de la bauge a été choisie pour la réalisation des murs porteurs du rez-de-chaussée. Les murs, qui atteignent une épaisseur de 60 cm, ont été bâtis avec la terre extraite du terrain (après le retrait de la terre arable) additionnée d’un peu de paille.
Les qualités hygrométriques de la terre crue sont exceptionnelles : l’humidité intérieure de la maison est régulée naturellement.
Pour le dire simplement, en été la terre rejette son humidité propre vers l’espace d’habitation de la maison, évitant ainsi l’inconfort d’un air trop sec, tandis qu’en hiver au contraire elle absorbe l’humidité intérieure de la maison, évitant l’inconfort d’un taux d’humidité trop élevé.
Les murs en terre crue offrent une inertie exceptionnelle et un confort acoustique remarquable.

4) La moitié supérieure des deux murs pignons

La moitié supérieure des murs pignons a été réalisée en terre-chanvre projetée sur une ossature bois s’appuyant sur une structure poteau-poutre.

5) La charpente

Réalisée par une entreprise spécialisée dans la fabrication de charpente en bois vert selon les techniques anciennes de charpente (équarrissage à la hache des poutres, assemblages bois uniquement).

6) La couverture

La toiture se conforme à l’architecture traditionnelle locale avec une pente de 50° (120%) commandée par le PLU.
La couverture a été réalisée avec des tuiles de fabrication traditionnelle fabriquées par la Tuilerie Puycheny, une tuilerie artisanale familiale qui fournit les monuments historiques. Tuiles plates pour la couverture de la maison, tuiles canal pour celle de l’appentis nord.

7) L’isolation en toiture

Elle est assurée par une épaisseur de 2 x 100 mm de laine de bois souple croisée (Pavaflex Confort 36), positionnée entre les chevrons fixés sur la charpente. Un pare-pluie de 80 mm d’épaisseur en fibre de bois rigide (Isolair) recouvre les chevrons et vient compléter l’isolation par un principe de déphasage thermique, freinant la pénétration de la chaleur ou du froid.

8) Les ouvertures

Réalisées sur mesure en chêne local par un menuisier-charpentier, les ouvertures assurent une bonne isolation thermique et acoustique grâce à un double vitrage 10/6/4. La menuiserie est protégée par une huile naturelle du fabricant Oléobois, spécifique pour les bois extérieurs. Ce choix permet un entretien simple et espacé dans le temps. Les fenêtres sont à ouverture à « gueule de loup », traditionnelle.

9) Les cloisons intérieures

Elles ont été réalisées en terre-chanvre projeté sur ossature bois. Ce mélange terre et paillettes de chanvre) offre une excellente isolation acoustique entre les pièces.

PARTIE TECHNIQUE

1) Installation solaire thermique

Réalisée par Gebhard Keckeis et son entreprise Energiewerkstatt basée en Autriche. Gebhard a plus de 30 ans d’expérience et a reçu le Prix Solaire Autrichien 2018 pour la réalisation du système d’énergie solaire thermique avec « activation des composants » sur le lieu de production de la « Maison Metzler » situé à Egg en Autriche : un espace de 1700 m2 pour la production de produits cosmétiques bio sur la base du lait produit par la ferme traditionnelle familiale voisine.

Le même principe de récupération et stockage de chaleur solaire thermique a été mis en œuvre pour assurer le chauffage et l’eau chaude sanitaire de la maison.

Sur la façade du carport orienté plein sud, situé à 25 m à l’est de la maison, ont été installés 20 m2 de panneaux solaires thermiques fabriqués par l’entreprise autrichienne Winkler.

Dans le local technique situé dans l’appentis nord à l’arrière de la maison a été installé un ballon solaire de 1450 litres avec à l’intérieur un autre ballon de 270 litres destiné à l’eau chaude sanitaire.

Le principe : récupération et stockage de chaleur solaire thermique grâce à deux niveaux de tuyaux de cuivre gainé positionnés sous toute la superficie de la maison (90 m2).

a – un premier niveau de 400 ml de tuyaux de cuivre gainé positionnés à 1,20m de profondeur sous la maison est destiné à la récupération du surplus de chaleur solaire thermique en été. Sur ce premier niveau de tuyaux a été déversé du gros gravier sur une hauteur de 90 cm. Au fur et à mesure de l’avancement de la saison chaude, la chaleur qui circule dans les tuyaux de ce premier niveau en sous-sol est stockée dans la pierre grâce à la circulation du produit caloporteur venant des panneaux solaires thermiques.

b – un deuxième niveau de 300 ml de tuyaux de cuivre gainé posé par dessus le volume de gravier est destiné à recueillir directement la chaleur solaire lors des belles journées ensoleillées en hiver.

Le principe est simple : la chaleur stockée en été va se distribuer progressivement dans toute la maison lors de l’avancée de la saison froide, et la chaleur apportée en hiver vient compléter cet apport de chaleur.

Ce système solaire thermique assure 80% des besoins en eau chaude sanitaire et chauffage. Les 20% restants seront fournis par une cuisinière à bois bouilleur reliée au ballon solaire, ainsi que par l’ajout d’un plancher chauffant sur une largeur de 1 mètre, disposé le long des murs extérieurs de la maison (ces deux éléments ne sont pas encore réalisés).

2) Électricité

Un tableau intermédiaire est situé dans le carport, afin de permettre à l’avenir une liaison avec une installation photovoltaïque sur sa toiture, permettant une consommation directe de la production d’électricité complétée au besoin en cas d’ensoleillement insuffisant grâce au raccordement Enedis.

Un local technique y est prévu pour y installer le matériel nécessaire à cette production d’électricité, afin de permettre une quasi totale autonomie de la maison en énergie électrique photovoltaïque (complétée par l’apport Enedis au besoin).

L’ensemble du système électrique de la maison est réalisé avec fils et câbles blindés. Le plan général des divers postes de l’appareillage électrique a été longuement réfléchi. Ce plan est composé de nombreuses prises électriques, de prises RJ45 réparties dans toute la maison, de deux prises Hi Fi dans le salon, de deux prises HDMI dans la bibliothèque pour relier un écran TV à l’ordinateur.

Appareillage de la marque allemande THPG, de couleur noire dans la cuisine, blanche dans le reste de la maison.

Un éclairage privilégiant la lumière indirecte (appliques dans toute la maison, prise commandée dans la bibliothèque et dans les chambres) a été réalisé ; deux plafonniers dans l’espace cuisine – salle à manger ont été prévus, ainsi qu’un éclairage à détection automatique à l’entrée nord de la maison, qui est l’accès privilégié depuis le carport.

3) Assainissement

Un système de pédo-épuration a été réalisé sur les recommandations de l’Écocentre du Gers Pierre et Terre, qui aide à la mise en œuvre de ce principe. Ce système, encore non conforme mais en voie de le devenir, est la meilleure alternative pour un habitat équipé de toilettes sèches, ce qui est le cas dans la maison.

Une évacuation a été prévue dans les deux salles de bains en cas de choix de toilettes à eau. Un autre système d’assainissement serait alors à prévoir.

Description du système de pédo-épuration : les eaux grises (éviers, lavabos, douche, baignoire, lave-linge) passent d’abord dans un bac à graisse enterré devant le pignon est pour rejoindre, à une trentaine de mètres au sud-est de la maison, une cuve de relevage enterrée d’où, par l’action d’une pompe immergée et un système de répartition par vannes, les eaux dont projetées alternativement dans de petites tranchées de 0,30 x 0,30 x 2,50 m.

Le principe d’alternance est manuel : chaque tranchée dispose d’une vanne manuelle qu’il est possible d’ouvrir ou de fermer suivant un timing simple (environ 10 jours par tranchée).

Les eaux grises sont recueillies par chaque tranchée alternativement, et sont traitées par le sol lui-même : « pédo » vient du terme grec πέδον, « pedon », signifiant le sol, la terre.

Suivant les recommandations de Pierre et Terre, plusieurs arbres fruitiers ont été plantés non loin de ces tranchées, qui profiteront lors de la saison sèche de cet apport en eau chargée de nutriments. Ce système d’irrigation par les eaux grises est mis en œuvre dans le monde entier, et de nombreuses études ont été réalisées sur ce thème qui en ont démontré l’utilité et la parfaite innocuité.

Lien vers un article de la revue Reporterre à ce sujet :

https://reporterre.net/Le-dispositif-d-epuration-des-eaux-menageres-le-plus-ecolo-bientot-autorise-Donnons-une

4) Récupération d’eau de pluie

Destiné à être couplé au réseau d’eau potable en place, un tuyau d’alimentation générale en eau (non encore raccordé) pour un projet de récupération d’eau de pluie (prévue au départ grâce à deux cuves en béton armé de 12,5 m3 chacune), a été intégré dans la tranchée menant au local technique situé sous l’appentis à l’arrière de la maison, un gestionnaire d’eau de pluie devant être installé dans ce même local. Il était prévu de rendre cette eau potable par l’installation d’un système de filtration.

LE PLAN

Plan RDC

Plan RDC

Plan Étage

Plan étage

DISPOSITION

Au rez-de-chaussée :

la pièce à vivre salon-cuisine 54 m2

la grande salle de bains 5,30 m2

le salon-bibliothèque 14,20 m2

la chambre d’ami 14 m2

la petite salle de bains 3,9 m2

l’espace escalier 2,50 m2

À l’étage :

la grande chambre 35 m2

la grande pièce 52 m2

Dans l’appentis :

le cellier-buanderie 8,4 m2

le local technique 3,6 m2

Le plan a été longuement et soigneusement étudié pour offrir un espace de vie confortable et harmonieux.

REZ-DE-CHAUSSÉE :

Salon – Salle-à-manger

Un grand espace ouvert comprend en son centre l’ensemble cheminée à foyer ouvert – cuisinière à bois bouilleur. Dans le projet, les deux éléments devaient être maçonnés en un seul grand ensemble par un maître poêlier allemand avec une finition traditionnelle à la chaux, constituant le cœur de la maison.

Cuisine

Côté cuisine, un espace comportant table et banquettes est situé à l’arrière de la cuisinière à bois.

À l’arrière de cet espace, à droite de la porte d’entrée nord, un petit cellier ouvert où sont intégrés le tableau électrique et le boîtier de communication a été prévu afin d’y positionner le réfrigérateur non visible depuis l’espace de vie salon – salle-à-manger.

Le petit îlot situé au centre de l’espace cuisine contient un raccordement pour l’arrivée de gaz, acheminé par un tuyau enterré en provenance du local technique (au nord de la maison dans l’appentis), où deux bouteilles pourront être stockées pour l’alimentation de la gazinière.

Salle-de-bains

On y accède par une porte située à droite de l’escalier menant à l’étage. La salle-de-bains contient les éléments suivants : lavabo, baignoire et toilette sèche (une évacuation d’eaux usées est prévue pour d’éventuelles toilettes à eau).

Espace Ouest

Une grande ouverture à l’ouest du salon – salle-à-manger donne accès à un espace destiné à devenir un lieu de vie autonome, comprenant un salon-bibliothèque s’ouvrant au sud sur une véranda-coin cuisine, au nord sur une chambre et une petite salle-de-bains.
Cet ensemble peut donc être séparé du reste de la maison pour former un appartement indépendant.

Appentis Nord

Il est situé le long de la façade nord de la maison, et comprend le local technique, un cellier et la petite salle-de-bains de l’espace ouest.

ÉTAGE :

Le projet comporte une grande chambre côté ouest, un petit cabinet de toilette et un autre grand espace aménageable en chambre ou autre destination d’usage.

Deux lucarnes sur la toiture sud et une fenêtre sur chaque pignon ont été réalisées. Une grande fenêtre de toiture sur la face sud (type « vitre d’atelier », grand vitrage habillé de deux fines barres métalliques verticales) et deux petites sur la face nord, prévues dans le permis de construire, restent à poser.

CARPORT :

Un carport en cours de construction en bois de mélèze brûlé à la japonaise est situé à l’entrée du terrain, offrant un espace parking pour deux voitures ainsi qu’un petit local technique dédié au solaire photovoltaïque (voir la description au chapitre Partie Technique).